FREE THE NIPPLE : le soutien-gorge ? mon avis et vos témoignages

Dans le monde entier, c’est une vraie censure que subit le sein féminin depuis des années. En 2012, aux États-Unis, Lina Esco crée « Free The Nipple », un mouvement de rébellion contre cette sexualisation de la poitrine des femmes.

©weheartit

Aujourd’hui, le problème de sexualisation du sein est toujours présent. Pire, j’ai remarqué plusieurs fois sur les réseaux sociaux que certains avaient carrément un problème avec le non-port du soutien-gorge. Apparemment, cela gêne des personnes de voir des tétons à travers un t-shirt. À cause de leur choix, des femmes sont critiquées sur les réseaux sociaux ou bien dans la vraie vie, parfois même de manière violente. C’est d’ailleurs ce qu’à vécu la journaliste Agathe Auproux en mars dernier. Une simple photo a fait hurler Twitter à cause de la visibilité de ses tétons. On a pu lire des « va mettre des soutifs avant de soûler » ou des « tu aimes faire le buzz tétons en avant tocarde » ainsi que de multiples insultes qui ne sont plus disponibles aujourd’hui.
Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres certes, mais en faisant des recherches sur les réseaux sociaux, on peut facilement trouver de nombreux messages d’insultes envers les femmes qui ne portent pas de soutien-gorge : le téton féminin apparent gêne et cela pose un réel problème.

Avec l’été, la chaleur nous donne envie, nous les femmes, de retirer notre soutien-gorge. Pour ma part, l’attache de ce dernier sur ma peau avec les fortes températures est presque insupportable. La transpiration s’incruste sur toute la partie de notre peau sous le soutien-gorge et pour certaines d’entre nous, ça gratte et voilà que les irritations arrivent.
Dernièrement, j’ai discuté sur twitter (@lauravarasi) avec plusieurs femmes qui sont adeptes du sans-soutif.

Cécile 18 ans, étudiante

« On a le choix de sortir avec ou sans soutif et ce choix ne regarde que nous. La publicité est le principal contributeur de cette sexualisation des seins. Pour ma part, j’ai décidé d’arrêter de porter des soutiens-gorge cette année seulement pour des raisons esthétiques mais j’ai reçu quelques remarques de la part de certaines de mes camarades de classe. Elles me disaient de « faire attention ». Un ami m’a un jour dit qu’il trouvait ça « choquant ». Depuis ce jour, il a baissé dans mon estime. Sans un minimum de confiance en moi, ce genre de remarques m’aurait anéanti. Pour pouvoir être sans soutien-gorge, je pense qu’il faut en premier commencer à s’accepter. Il faut être sûre de soi car sinon les critiques atteignent plus facilement. »

Anfou, 24 ans, future infirmière

« Porter un soutien-gorge a toujours été une évidence pour moi vu qu’on a toute été élevé comme ça. La première fois que j’ai remis le port en question, c’était en cours de gynécologie. On nous parlait de cancer du sein et de prévention et mon professeur a, ce jour là, remis en cause le port du soutien-gorge en nous évoquant les effets nocifs de ce dernier. L’idée du soutien-gorge qui empêche les seins de tomber c’est totalement faux et une idée reçue depuis bien trop longtemps. Le sein est composé de tissu graisseux, de glandes mammaires qui repose sur une couche musculaire. Nous avons des structures naturelles qui soutiennent le poids du sein et nous n’avons pas besoin de soutien-gorge pour « empêcher les seins de tomber ». On habitue notre corps à avoir quelque chose qui supporte le sein et ce dernier ne fait donc plus d’effort d’où le fait qu’il tombe quand on enlève le soutien-gorge. Personnellement, depuis que j’ai arrêté d’en porter, mes seins sont plus fermes, plus rebondis et ils tiennent tout seul sans problème. Le premier réflexe d’une fille en rentrant chez elle c’est de retirer son soutien et de soupirer de soulagement donc pourquoi s’imposer un machin qui nous oppresse toute la journée alors qu’on pourrait vivre sans ? »

Diaka, 20 ans, étudiante en license AES

« Le sein féminin est sexualisé par le fait qu’il ait souvent été caché. Cela a créé un certain plaisir chez l’homme, un désir.
Ne pas porter de soutien-gorge est quelque chose de tout à fait naturel chez moi. Je suis née en Guinée et là-bas, les femmes n’en mettent pas. Parfois mes amis étaient mal à l’aise de voir mes tétons à travers mes habits mais avec l’apparition du mouvement Free The Nipple, j’ai remarqué un certain changement : je pense qu’ils acceptent/tolèrent de plus en plus le sein féminin. Ce mouvement représente pour moi la liberté de la femme, la liberté de disposer de son corps. Il devrait être important pour toutes les femmes.
J’aurai un conseil à donner à celles qui veulent se débarrasser de leurs soutiens gorge mais n’osent pas franchir le pas : osez, la vie est trop courte pour s’occuper du regard des autres. Assumez vous, défendez vos idées, c’est votre corps, vous avez le droit d’en faire ce que vous voulez. »

Drucilla, 19 ans, étudiante en license AEI

« Dès l’enfance, quand la poitrine apparaît, une petite fille va directement pensé au soutien-gorge.  C’était mon cas : avec ma maman on est parti en acheter et dans ma tête, je me sentais plus féminine alors que pas du tout. Ce sont les images diffusées depuis toujours dans les médias ou dans la rue qui nous font penser cela. De plus en plus de jeunes filles s’assument et cela ne plaît pas toujours car cela ne correspond pas à ce que la société nous renvoie. J’en avais marre d’être compressé avec mon soutien-gorge donc je me suis renseignée. Je suis tombée sur plusieurs vidéos dont la chaîne YouTube La Carologie qui m’a fait beaucoup réfléchir et m’a permis de prendre la décision de ne plus en porter. Parfois, je ne me sens pas très à l’aise mais je prends l’habitude peu à peu. Je ne regrette pas du tout cette décision car j’apprécie encore plus mon corps. »

J’ai toujours respecté les femmes qui s’assument et savoir ce qu’elles pensent m’a fait encore plus réfléchir. Même si je ne pense pas pouvoir m’en passer, je profite de mon été pour tenter d’être « free the nipple ». Après quelques hésitations, je me suis lancée en ignorant le regard des autres et je me suis sentie bien.

QUOTIDIEN : Catherine Deneuve et la culture du viol

©screenshot/Quotidien

Quelle honte. Jeudi 16 Mars, invitée sur le plateau de Quotidien animé par Yann Barthès, Catherine Deneuve a défendu Roman Polanski en tenant des propos choquants. Poursuivi depuis 1977 pour le viol d’une mineure, le réalisateur s’était enfui des États-Unis pour éviter le procès. Cette année, il a été désigné pour présider la 42e cérémonie des Césars. Face à la pression des internautes, il a préféré renoncer à l’invitation.

Interrogée par Yann Barthès, Catherine Deneuve a déclaré : « J’ai toujours trouvé que le mot viol avait été excessif ». Comment peut-on encore défendre un violeur aujourd’hui ? Madame Deneuve, un viol est un viol. J’entends bien que ce cher Roman Polanski est votre ami mais votre ami est un violeur.
Certes, l’histoire commence sûrement à devenir redondante mais comment voulez-vous qu’on arrête d’en parler si de grandes personnes comme Catherine Deneuve répondent ce genre de stupidité ? Oui, ces propos sont stupides et il ne faut pas avoir peur de le dire. Malheureusement, l’actrice ne s’est pas arrêtée là : « C’est une jeune fille qui avait quand même été amenée chez Roman par sa mère, qui ne faisait pas son âge de toute façon ». Suis-je en train de rêver ? Si seulement… Aucune excuse n’est valable pour un viol. La culture du viol est un phénomène qui tend à excuser le viol, à banaliser le crime. Aujourd’hui, alors que nous sommes en 2017, une majorité de personnes, que ce soit hommes ou femmes, montrent une grave inconscience concernant les viols et les agressions sexuelles. Le viol, aussi bien sur les femmes que sur les hommes, ne doit plus être excusé ou ignoré dans notre société car il s’agit bien d’un crime. Selon une étude faite fin 2015 par l’IPSOS, 40 % de Français(es) estiment que la responsabilité du violeur est atténuée si la victime a eu une attitude provocante. Pour 27%, la responsabilité du violeur devient moindre si la femme porte une tenue « trop » sexy.
Non, une femme habillée en mini-jupe n’est pas responsable de son viol. Non, un homme qui se prend une matraque dans les fesses n’est pas responsable de son viol. Non, une jeune fille qui ne fait pas son âge n’est pas responsable de son viol. Non, aucune victime de viol n’est responsable.

 

Avec tout mon respect, Madame Deneuve, je vous admire énormément mais vos propos sont déplacés et méprisables. Abstenez-vous la prochaine fois, merci.

C À VOUS : Florian Philippot et la mauvaise foi

© twitter/@cavousf5

Un échange houleux. Lundi soir, Florian Philippot était l’invité de l’émission C à Vous, présenté par Anne-Sophie Lapix. Le ton est vite monté entre l’animatrice et le vice-président du Front National. Ce n’est pas une première pour la journaliste, elle possède déjà une longue liste de confrontations avec les membres du FN, à laquelle vient s’ajouter celle de lundi.

C’est bien connu, le Front National n’aime pas être contesté. Depuis le début de la campagne, le parti de Marine Le Pen attaque constamment la presse et les médias. Alors qu’Anne-Sophie Lapix passait au peigne fin les dépenses du programme du parti d’extrême-droite, une discordance sur le budget de la défense a agacé Florian Philippot, qui, au lieu de débattre comme n’importe quel politique, a préféré s’en prendre à la journaliste. « On vous a mal fait vos fiches. » a-t-il reproché. Cette remarque jugée « un peu sexiste » par l’animatrice a suscité une pointe d’énervement chez le porte-parole FN. « Vous êtes d’une arrogance permanente, vous me regardez avec un mépris terrible » a-t-il rétorqué. Le métier de journaliste face à une personnalité politique est d’engendrer le débat, de confronter son invité pour lui soutirer de l’information. Florian Philippot est ici visiblement vexée d’être contredit par Anne-Sophie Lapix, qui, en plus d’être une journaliste, est une femme. Autour de la table, c’est le calme plat. Aucune réaction de la part de l’équipe de l’émission. Réveillez-vous, non ? La journaliste est confrontée seule à son invité mais ne se laisse pas impressionner. Au contraire, elle continue de poser ses questions comme s’y de rien n’était. Au cours de l’interview, le porte-parole FN déclare : « Il faut être capable d’entendre les critiques. » On pense d’abord à une blague mais Florian Philippot est manifestement sérieux. Une remarque extrêmement mal placée sachant que quelques minutes plus tôt, il s’en prenait à l’animatrice après avoir été réfuté.

La mauvaise foi dont a fait preuve Florian Philippot est simplement le reflet de la campagne du Front National : elle privilégie l’attaque plutôt que le débat.